Temps menaçant sur l’Est parisien, alors que le Jack enfourche son 103 pour y braver l’existence. Les guitares embrayent, et le macadam peut couler à flot, le Jack bien campé sur sa rythmique dévale sa vie depuis le Delta Blues jusqu’à Montreuil-Boogie. De l’uppercut à la caresse, du qui-arrache au qui-swingue, il décline son blues et trace sa route dans notre langue, le Français. Et s’en fout la mort : le Jack marche courbé mais droit, plié sous son destin, comme résolu à sa chute.
Scribouillard incontinent du sous-réel, charlatan du verbe devant l’abyssal, parolier invertébré ronge son os, électron libre cherche équilibre, Stéphane Lanaud est un jongleur-illusionniste grandiose. Sa poésie, ludique même quand elle est tragique, se livre ici au côté de son travail oulipien, avec le désespoir de Kierkegaard, le cynisme de Céline et la fraîcheur de Vian. Une aubaine pour qui croque le mot.