FEMME-PAPIER
Si j’avais une femme
Oui messieurs oui mesdames
Elle serait toute nue
Et j’écrirais dessus
Beaucoup de lettres et de lettres d’amour
Avec des litres et des litres d’encre rose
D’un côté et de l’autre et de l’autre z’aussi
Ou des poèmes en mandarin
Que je ne parle pas
Ou des alexandrins
En pashto en ourdou en souahéli
En grec ancien et moderne
Et même post-moderne
En volapük en aztèque
En australopithèque
En forme de pastèque
Et puis surtout des choses
Que je n’ose pas vous dire
De peur de vous faire rougir
De toutes les couleurs
Mais je n’ai pas de femme
Non mesdames non mesdames
QUE M’AS-TU DEVENU ?
Que m’as-tu devenu de ma vie de caillou,
D’un être biscornu à la forme incertaine
Qui n’avait de l’humain que parenté lointaine,
D’un regard de ta main que m’as-tu changé tout ?
Que m’as-tu fait d’émoi que ces sentiments doux,
Dé-finition du moi, étrange phénomène :
Je trace l’horizon pour que je m’y promène
Et ces vers sans raison que j’écris, ça vient d’où ?
Que m’as tu enchanté sans te cacher sirène
Ou jamais demander me mettre à tes genoux,
Pour que ma vie jolie, pour que tu souveraine ?
Que m’as-tu de folie à m’en tordre le cou,
Qu’un bonheur inconnu à m’en rompre les chaînes,
Que m’as-tu devenu que cet amoureux fou ?