Un vieux monsieur dansait tout nu sous ses habits,
Et chacun de trouver vraiment cela zarbi
"J’en ai connu des fous, mais de cet acabit..."
Disait-on entre nous et urbi et orbi
"Si polka et salsa sont bien mes seuls hobbys,
Que n’ai-je pour cela besoin d’un alibi ?
Et puis je veux encor rocker come on baby
En agitant mon corps au doux son du dolby,
Ou, par le narguilé, embrumé, estourbi,
Tout havanaguiler, et me croire Rabbi,
Hassid sous acide aux mouvements de zombi,
Lucy plus que lucide au milieu des rubis...
Et moi qui me nomme Jean-Edouard Kénobi
Je vous dis en somme : Zobi ! Zobi ! Zobi !
Commentaire du Guide Spiritique (GS) : "sonnet monorimal en bi. Comme dans la plupart des sonnets sous-réalistes l’alexandrin est composé de deux hémistiches égaux avec rime intérieur à la césure. On remarquera également une référence discrète aux Beatles (groupe de Rock des années 60)."
Commentaire du Grand Altérologue Indicatif (GAI) : "un sonnet monorimal, même bi, ne peut avoir de connotation sexuelle. Il s’agit là d’une norme de l’écart. De ce point de vue, le dernier vers prête le flanc à l’accusation de crypto-presquisme émise notamment par la tendance "Honte et Culpabilité".
Je torturais la nuit à grands coups de calva
Depuis bientôt trois nuits lorsque tout arriva :
Un ovni vert venu d’une supernova
Attérit soudain dans mon champ de baklava.
Qui en sortit ? Pas Don Juan, pas Casanova
Pas un ventriloque ou joueur de bossa nova,
Pas un quelconque prétendant au khédivat,
Pas un shaman breton ou boddhisatva ;
Mais (cela me laivaissava bavabava)
Un vieux monsieur avec la voix de Jéhovah,
Le regard de Vishnou, le chapeau de Shiva :
"Si tu connais un coin où danser la java,
Ou si tu veux traîner de bar en bar-mitsva,
Alors t’es mon pote et tout de go on y va."
Commentaire du GS : "sonnet monorimal en va. Bien que l’auteur prétende que ce récit soit autobiographique, on a du mal a le croire car, comme chacun le sait, les ovnis ne sont pas verts mais bleus à rayures jaunes."
Commentaire du GAI : "la pureté de ce sonnet monorimal en fait sans conteste à lui seul un manifeste du MSR. La rime en va y est pour beaucoup puisque c’est la seule qui convienne à la langue officielle du mouvement, le javanais ayant été choisi à la préhistoire pour conjurer l’instabilité moléculaire du sous-réalisme. Mais c’était sans compter l’arrivée des extra-terrestres qui ont donné naissance à la tendance haltérophile."
Mon poisson rouge Hector s’est fait Hara-Kiri...
Peut-être a-t-il eu tort, en tout cas j’ai bien ri ;
Mais quand je l’ai vu mort, j’en fus super marri
Et pris d’affreux remords, j’ai tué mon canari.
Je les ai enterrés près d’un rosier fleuri ;
Trois jours les ai pleurés, le coeur endolori ;
Ai tant désespéré que ne me suis nourri ;
Puis de faim dévorai mon chat et ma souris,
Et aussi ma jument, mon cheval (son mari),
Mon berger allemand, mes quatre méharis,
Mes douze caïmans (qu’avaient un goût pourri).
Mais je n’ai pas mangé mon pauvre pécari,
Je l’ai juste rangé (je veux dire équarri),
Parce que je crois bien que c’est qu’une espèce de cochon
Commentaire du GS : "sonnet presquemonorimal en ri. La théorie des presquistes est la suivante : si un discours rythmé (douze pieds) et outrerimé (en ri) fait écart à la norme, il devient lui-même presque norme après treize vers, et le retour brutal à la prose au dernier vers constitue donc un écart dans l’écart."
Commentaire du GAI : "un sonnet presquemonorimal, même en ri, ne peut être considéré comme zoophile. Et en rillettes, il n’est pas comestible."
Afin que le lecteur saisisse bien cette théorie, nous vous proposons ici une autre oeuvre presquiste, mais qui n’est pas un sonnet."
Un dimanche au petit matin
Sortant du métropolitain
Tout près du canal Saint-Martin
Lisant l’annuaire et le bottin
Parlant le grec et le latin
En compagnie d’un vieux lutin
D’un ventriloque et d’un pantin
Qui m’avaient l’air très puritains
Un dimanche au petit matin
Dansant le tango argentin
Dans les bras d’un mussipontain
Vêtu de soie et de satin
D’un chapeau neuf et de patins
A la bouche un mégot éteint
Qui lui donnait un air crétin
J’ai vu un hippopotame.
Commentaire GS : "avec un écart triple, ce poème est une des oeuvres majeures du presquisme. Notons qu’elle fut composée après une soirée altermondaine, à l’époque paléo-sous-réaliste."
Commentaire du GAI : "certains psychopirates n’hésitent pas affirmer que le presquime est la maladie infantile du sous-réalisme."
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