Aux yeux des Traditions, nous commettons un crime
(Et avons l’ambition qu’un jour même on l’imprime !) :
Nous faisons des sonnets ne comptant qu’une rime,
Par plaisir, si ce n’est un peu aussi par frime...
Si nous nous contraignons à ce défi ultime :
c’est que pour le pognon, gagner plein de centimes !
c’est pour dissimuler des choses très intimes ?
c’est pour toi rigoler (et c’est bien légitime...).
J’entends d’ici railleurs les jaloux unanimes,
De partout et d’ailleurs, de Navarre et de Nîmes :
"Les vers les plus meilleurs sont ceux des anonymes !"
D’un art quasi-divin, voilà ce que nous fîmes,
Et comment il devint dérisoire et infime...
J’arrête car en vain je cherche rime en fime.
Commentaire de Zébulon ALSACIEN : j’ai écrit ce poème un jeudi. Je venais de manger une pizza-quatre-fromages. Après, j’ai comaté devant une émission de télé-sous-réalité en prime-time.
JHF : vous voulez dire en praïme-taïme ?
Z.A. : non, en prime-time.
Commentaire de Dédé LEBRETON : Tout cela ne me fait pas rire, vous ne vous imaginez point à quel point. Moi, pour écrire, je rêvais, lui il comate.
Nous sommes partisans d’un art jubilatoire
Qui tourne en dérision le vers le plus sérieux ;
Quand parler de Vision nous semble assez curieux,
Nous préférons Tarzan pour bâtir une histoire.
S’ils connaissaient nos goûts, beaucoup seraient furieux,
Contre nous marmonnant leur long réquisitoire :
"Pour rimer, ces manants, ils écrivent trottoire !
Et leur Ouagadougou est toujours au milieu
De choses sans rapport, il est d’ailleurs notoire
Qu’ils y voient même un port. Ou, toujours plus vicieux,
Sous leur plume imbécile un Cercle Angulatoire,
Dans un style facile au talent prétentieux,
Soudain vient inspirer ces rimeurs de comptoire
Par pudeur qui pourraient demeurer silencieux !"
Commentaire de Z.A. : Comme le lecteur a pu s’en rendre compte, j’étais de mauvaise humeur. Je venais de découvrir que ma femme entretenait une relation régulière avec un panda du zoo de Vincennes. Le plus douloureux pour moi, c’est qu’il était althussérien.
Commentaire de Dédé : Cette mauvaise humeur est communicative. Comment, en effet, se résoudre au divorce entre jubilation et désaliénation ? Comment ne pas avoir un haut le coeur en découvrant que la zoophilie est le stade suprême du sous-réalisme ? Les cornes de Zébulon ne sont que juste conséquence de l’ostréité althussérienne : si Hal ne sait rien, autant rejouer l’Odyssée de l’espèce !