Tu as pris connaissance de l’existence du Mouvement Sous-Réaliste et tu souhaites quitter l’Eglise de Sarkologie pour nous rejoindre ?
Tu as très peur car tu crois que ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ?
Tu as lu l’intégrale des Oui-Oui et tu recherches des expériences littéraires encore plus fortes ?
Tu n’as pas d’ami, pas de femme (ou d’homme), pas d’animal domestique, et tu as perdu le numéro de téléphone de SOS-Amitié ?
Alors deviens sous-réaliste ! Il te suffit d’adopter à l’unanimité relative les principes de la Charte ci-dessous.
Préambule : Le terme "provisoire" a été choisi pour éviter d’utiliser le mot "définitif", mais il a été mis entre parenthèses pour rester discret. Chaque point de la charte a dès sa naissance été pourvu d’un principe, d’un corollaire, et d’un exemple, le plus souvent compréhensible et tiré de la littérature universelle ou pas.
Principe Premier : L’Homme est l’ami du Caillou
Corollaire Premier : La Femme est l’amie de la Cailloute.
Exemple Premier : "Je ne me sens jamais seul au milieu des Cailloux". Châteaubriand, in Mémoires d’huître-tombe.
Principe 2 : L’Huître est aussi l’amie de l’Homme, même quand il la mange.
Corollaire 2 : L’Huître est comestible, mais pas rancunière.
Exemple 2 : "Hier, j’ai dit des choses terribles à une Huître, mais elle ne m’en veut pas". Steinbeick, in Des Huîtres et des Hommes.
Principe 3 : Les mots entretiennent avec la réalité les rapports qu’ils souhaitent, c’est leur vie privée qui ne nous regarde pas.
Corollaire 3 : Il ne faut pas appeler un chat un chat, sauf s’ils sont d’accord tous les deux.
Exemple 3 : "Chacun comprendra qu’il serait contradictoire de donner un exemple de ce principe". Lanaud, in Charte (provisoire) du sous-réalisme.
Principe 4 : On a le droit de parler des choses
Corollaire 4 : Les choses ont le droit de parler de nous.
Exemple 4 : "L’homme regarde la neige et se dit : il neige ; la neige regarde l’homme et se dit : il homme". Kierkegaard, in Les désespérés font du ski.
Principe 5 : L’homme civilisé peut en toute liberté se promener au pays des Mots Sauvages.
Corollaire 5 : A condition de ne pas laisser trace de son passage sous forme de détritus plastiques ou de chef-d’oeuvre littéraire.
Exemple 5 : "Hier, j’ai écrit un truc.../ Ah bon ? / Oui, mais c’est une vraie merde... / Ouf, j’ai eu peur, mais je veux bien le lire quand même". Yourcenar et Duras, in Dialogues de marguerites.
Principe 6 : La Sainte-Axe et l’orthographe ne font pas vraiment partie du pays des mots.
Corllaire 6 : On pourrait faire du papier à base d’académiciens pour sauver la forêt amazonienne.
Exemple 6 : "Le crapeau, son chapeau qu’il a mangé, à cauze que la grenouille, elle lui casse les kouilles". La Fontaine, in Les Fables de Mon Moulin.
Principe 7 : La plupart des gens vivant dans la réalité, ils ont peu de contact avec le sous-réalisme.
Corollaire 7 : Le sous-réalisme doit rester ignoré de la plupart des gens.
Exemple 7 : "Hier, j’étais invité chez des gens, mais je pouvais pas y aller, ’cause que j’avais rencart avec des amis Cailloux". Maradonna, in J’ai commencé par taper dans un Caillou.
Principe 8 : Le sous-réaliste ne doit pas poursuivre un but précis, à moins que celui-ci ne lui ait volé son portefeuille dans la rue.
Corollaire 8 : Mieux vaut attendre que nous tombe dessus un but avec lequel on ait des affinités.
Exemple 8 : "Je dois t’avouer qu’il y a un but dans ma vie, mais je sais pas si lui et moi ça va durer". Zola, in Maintenant qu’on se connaît, tu peux m’appeler Gorgon.
Principe 9 : Il existe malgré tout des gens-passerelles entre nous, les sous-réalistes, et la réalité.
Corollaire 9 : On a le droit d’avoir de l’affection ou de l’amitié pour certaines personnes, et parfois même c’est un devoir.
Exemple 9 : "Quand je suis avec elle (lui), je me sens si bien que je sors de mon huître, et je peux même marcher dans la réalité". Sagan, in Ma vie sans Temesta.
Principe 10 : Le sous-réalisme peut prendre une forme pathologique.
Corollaire 10 : Il ne faut pas couper les gens-passerelles avec la réalité.
Exemple 10 : "Depuis dix jours, j’ai pas sorti de chez moi, tu crois que j’ai du sous-réalisme ?" Freud, in Cinq leçons sur la psychopiraterie.