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Rencontre du deuxième type
Nous avons eu la chance précédemment d’interviouver le Guide Spiritique. Toutefois, soucieux de n’être soupçonnés d’aucune partisanité, nous avons voulu rencontrer le deuxième type dans la hiérarchie sous-réaliste, le Grand Altérologue Indicatif (G.A.I.), parfois surnommé Celui Par Qui Le Scandale Arrive. Attention, ça déméninge !

JHF : Grand Altérologue Indicatif, allons droit au but : beaucoup de sous-mouvances, en particulier "Altérophobie Nouvelle", veulent votre perte. Cependant, le Guide Spiritique vous a toujours protégé en affirmant : "Une hérésie marginalisée profite mieux à la Vérité que pas d’hérésie du tout". Votre position n’est-elle pas tout de même délicate ?

GAI : Il faut distinguer deux choses : la sous-mouvance haltérophile dont je suis le porte-parole, et ma fonction de GAI.

-  Sur le plan sous-réalologique, il est clair que ma position (que je rappelle ici : l’Haître de l’Huître c’est l’Hôte, pour le dire de façon typographiquemenent audible) est délicate et il est normal qu’elle soit contestée, ce n’est là que saine poétique.

-  Quant à ma fonction de GAI, c’est une fonction d’ambassadeur auprès des gens-passerelles entre la sous-réalité et la réalité : tous les sous-réalistes reconnaissent que si le GS ne l’avait pas créée il aurait fallu l’inventer, puisque sans elle le sous-réalisme n’aurait eu réellement aucun écho. Bien sûr à mes yeux les deux, l’haltérophilie et la fonction de GAI, sont liées, d’où je maintiens que ma position est sous-réalologique.

Mais peu importe puisque le principal acquis de la révolution sous-réaliste, c’est d’être le seul mouvement poético-sectaire qui accueille en son sein les hérésies, ceci en raison même de son instabilité moléculaire pré-originelle.

JHF : Dans le cadre de la poétisation de la société, certains proposent de remplacer la journée sans tabac, qui n’est respectée que par les non-fumeurs, par une journée sans tabou. Quel est votre avis ?

GAI : Je crains que, même si "Altérophobie nouvelle" dit ne pas être contre, ses membres ne se désinhibent point au jour dit. Le problème posé par la journée sans tabac resterait alors entier.

JHF : Selon vous, les sous-réalistes qui ont choisi de se mêler de la chose politique en fondant le Mouvement Pour l’Immobilisme doivent-ils être sanctionnés ?

GAI : Bien sûr que non ! A mes yeux, poétique et politique sont indissolublement liées. Cela ne signifie pas pour autant que je sois d’accord avec la désorientation de ce mouvement. Eu égard au Grand Caillou qu’On Jette, je serais plus enclin à "Station pour le Changement". Mais c’est un sous-sujet explosif, je préfère parler d’autre chose.

JHF : Pour parler littérature, croyez-vous que l’instauration du dogme de l’Unique Muse Dulcinégente du Don Quijotisme Sous-Jacent soit une basse manoeuvre poéticienne ?

GAI : Oui, cela me paraît évident. Le GS a pris ses dispositions avant de m’élever à la fonction de GAI. La confiance qu’il m’accorde a des limites psychomotriciennes bien compréhensibles. Ce n’est là que malsaine poétique.

JHF : Et la rime féminine ? Un danger pour l’équilibre neuroneuronal du poète mystique en phase d’évitation ?

GAI : Qu’elle représente un danger, c’est certain ! on parle tout de même ici d’altération et non d’haltères ! toutefois, je considère que lui appliquer le principe de précaution serait sonner le glas de la révolution sous-réaliste qui n’a de sens que permanente.

JHF : Pour terminer, si vous ne deviez retenir que deux poèmes, lesquels seraient-ils donc alors ?

GAI : Je vais vous étonner : il s’agit de deux poèmes paléo-sous-réalistes, c’est-à-dire datant de l’époque pré-originelle. On peut y voir comment la perspective même de l’altération est l’an-archie de la révolution sous-réaliste :


SUICIDE

-  Le beau bruit des bottes sur le bitume bleu,
-  A mon cœur qui sanglote et qui crie et qui larme,
-  C’est l’armée des cinglés et sous le ciel qui pleut,
-  Voyons, un peu de cran ! Il faut donner l’alarme !

-  Et voici que soudain les guerriers paresseux
-  Apparaissent en rang, tous grimés de gendarmes,
-  Craquant leur pas graisseux et sans grâce et crasseux,
-  On aurait préféré des danseuses de charmes.

-  Fuyez, les innocents, accrochez-vous aux branches,
-  A vos tilleuls en rut, aux chênes de papier,
-  Où laissez votre front caressaient les mains blanches.

-  J’ai tombé d’un sapin pour mieux m’en estropier
-  Dans le nid d’un mésange au regard translucide
-  Plus rêvé que certain et plus beau qu’un suicide.


KAMA-SUTRA

-  En vers et contre tous
-  Comme un poisson en cage
-  Le regard catacombeux
-  Et les yeux et les mains hirsutes
-  Dans Katmandou sur Seine
-  Du mouvement verticulaire
-  Des cercles angulatoires
-  Je vais de Kibboutz en Goulag
-  De fil en aiguille en botte de foin
-  Vers ta féminitude
-  Chercher mon Tropique de l’Equateur
-  Et me noyer dans le bleu le bleu le bleu
-  De ton Klein d’œil.