01 Jésus (3:12) Jean-Christophe Villa
Philippe : "Quand Jean nous l’a proposée - je faisais semblant de jouer de la basse dans le Jack à l’époque - j’ai eu la chair de poule. Marrant, ça me le fait toujours un peu. Portrait d’un monde malade qu’on n’aide guère. Au préalable, une version avait été enregistrée chez Rico, à l’arrache, sur laquelle Jean nous avait même gratifié d’une partie de ... scie musicale ! "
Alex : "Cette version à la scie musicale, c’est mon premier grand frisson Jack, avant que je ne le découvre sur scène. Jésus, c’est aussi un des plus grands textes du Jack. D’une musicalité consommée (car la poésie, c’est bien connu, ça se mange), avec une rythmique percutante, quasi rappée pour certains vers libres quand les autres sont campés sur leurs huits pieds, et force assonnances, allitérations et rimes en "ou" chatoyantes, il recèle aussi de bout en bout une critique sociale bien loin des "textes à message" qui n’interpellent plus personne. A son insu, mais de son plein gré, l’auteur a rencontré Michel Foucault (paix à son âme) et son concept de biopouvoir : à savoir qu’aujourd’hui, le pouvoir ne s’effectue plus selon l’adage "faire mourir et laisser vivre" mais selon l’adage inverse "faire vivre et laisser mourir", saturant les interactions entre les vivants au point que donner du sens au commun (donc à la mort) confine à l’absurde. Est-ce pour ça qu’il s’en remet à Jésus à la fin, comme rasséréné par le vide sidéral qu’éclaire Sa lumière et déplorant aussitôt l’insuffisance de l’Incarnation à le combler ? Car comme disait Coluche (paix à son âme), on peut certes ronger son pain et se défoncer à son rouge, mais pas toucher son cul."
02 Torpédo (5:44) Jean-Christophe Villa
Philippe : "Un titre phare, le groupe s’est même appelé Torpédo, avant qu’on ne s’aperçoive que ce nom était déjà utilisé. L’harmo a été enregistré avec le micro chant, mais repassé par l’ampli guitare de Jean, lui-même repris par un Green Bullet - le micro phare de vélo qu’affectionnent les harmoniscistes - pour que ça racle... "
Nico : "Peut-être la plus vieille compo de Jean. J’ai toujours beaucoup de plaisir à jouer ce blues lourd et puissant au tempo retenu, dans l’esprit de The Jack d’ACDC, titre qui était aussi le nom d’un avatar encore plus ancien que Torpédo du groupe, d’où la persistance du nom dans JHB. C’est dingue comme tout se tient."
Alex : "Attention ! si on l’écoute pochtronné, on peut rester traumatisé à vie par une blonde pulpeuse de 70 ans."
03 Peggy (3:28) Jean-Christophe Villa
Philippe : "L’hymne du Jack, de son univers banlieusard."
Nico : "Le vieux tube de JHB. Certaines subtilités du texte seront difficile à saisir pour le jeune de moins de 25 ans : Sabatier a-t-il été enlevé par les petits gris ? Roch Voisine a-t-il retrouvé son amie ou bien a-t-il encore les yeux dans l’eau ?"
Alex : "Si Peggy ne sait plus ce qu’est l’amour, la jouer nous rappelle ce qu’il veut dire et qu’on peut même en mourir."
04 Stormy Monday (7:18) T-Bone Walker
Nico : "Pas facile de reprendre des vieux standards sans tomber dans l’imitation ou le cliché. On est plutôt content de notre coup même si c’est pas la meilleure version qu’on ait jouée. Un p’tit clin d’oeil distancié de Jean à Benson dans son beau solo de guitare doublé à la voix."
Alex : "Pour sortir cette version, lente à nulle autre pareille, évoquant à merveille les tristes lundis qu’on les chôme ou ne les chôme pas, il fallait des trésors de sensibilité. Jean nous a poussé dans nos retranchements."
05 My Babe (2:40) Lightnin’ Hopkins
Alex : "Le titre le plus groovy de la démo, que j’ai toujours beaucoup de plaisir à jouer et à écouter. C’est une de nos meilleures reprises, avec des arrangements qui ne ressemblent ni de près ni de loin à aucun autre, offrant une superbe version de ce standard : La voix et les guitares y glissent sur la rythmique comme le serpent se faufile pour vous proposer une pomme ! bon appétit !"
06 Sister (2:28) Jean-Christophe Villa
Alex : "La compo la plus légère et la plus sautillante, avec notamment une ligne de guitare rythmique à croquer. Où il est encore question du grand Autre dont notre soeur ne se résoud pas à constater la mort clinique, de l’opium du peuple et de l’escroquerie de l’Incarnation."
07 Proud Mary (5:01) John Fogerty
Alex : "Une des premières reprises du groupe, qui a beaucoup évolué depuis les origines : plutôt fidèle au départ à la version des Creedance, elle s’est rapprochée de celle de Tina Turner avec ses deux séquences, une lente (quasi-ballade) et une rapide (franchement rock). Mais avec la voix et les bécanes du Jack, ça donne quelque chose de tout à fait différent : en somme et ’scusez du peu, une 3è version de référence de ce standard."
08 Prince de rien (3:49) Jean-Christophe Villa
Philippe : "Plusieurs versions ont existé, dont une avec juste voix et guitare. Le gars se livre à nous, comme nu, et nous invite dans son intimité. Fallait oser. Merci Jean."
Alex : "Mon plus grand frisson Jack quand je l’ai découverte sur scène. Je connais un p’tit gars de 20 ans qui la kiffe tellement qu’il l’a chantée a capella en public, mais il avait compris "j’travaille je fume le buzz" au lieu de "je baise". Mesdames, gare à vos ovaires !"
Nico : "Aussi un hymne au côté obscur de la force : Jack Helmut b’loose ?"
09 Roger (5:06) Jean-Christophe Villa
Philippe : "Ou quand le Jack s’énerve, solidement campé sur son 103."
Alex : "En fait de bécane, il s’agit en l’occurence d’une Harley. D’ailleurs, la musique évoque irrésistiblement le bruit de son moteur, y compris avec ses gros pets à la fin. Mais à bien écouter l’historiette, c’est vrai qu’on imagine mieux le narrateur sur une 103 : la Harley, c’est pour bluffer sa maman."
Nico : "Du rentre dedans pur et simple. Qu’il est bon de se défouler parfois."
10 Suzy Q (8:24) Hawkins, Lewis/Broadwater
Philippe : "Pour rendre hommage à l’époque seventies et ses vapeurs d’acides, on n’a pas molli sur le rotovibe ... Un bon délire au mix en somme."
Alex : "Aux oreilles de tout le groupe, c’est le titre qui a été le mieux exécuté lors de ces deux jours de prise intenses et mémorables. Les solos y atteignent des sommets d’inspiration rarement escaladés. Pas un seul drop bien sûr, tout du direct !
Nico : "Le genre de prise qu’on aimerait faire plus souvent : ça sonne mieux que ce à quoi on pouvait s’attendre et on en est tout surpris. Parti pour un enregistrement on a fait un nouvel arrangement du morceau."
Pour les compositions originales (Jésus, Peggy, Torpédo, Sister, Roger, Prince de Rien) :
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